Le Libre au delà du logiciel : débat et réflexion


Le débat


Presque tout le monde s'accorde à définir le logiciel libre par les quatre libertés et notamment la liberté de modifier un logiciel et de le redistribuer en version modifiée.

Si on applique cette définition à d'autres oeuvres intellectuelles que le logiciel, comme par exemple des livres, la quasi-totalité de ces oeuvres apparaissent comme non libre, généralement par ce qu'il est impossible de les modifier. Donc ces oeuvres n'appartiennent pas au cadre des objectifs de Gulliver et nous ne devons pas en faire la promotion.

Maintenant, des projets comme le projet Gutenberg proposent des oeuvres littéraires de grands auteurs comme Victor Hugo. Ces oeuvres ne sont peut-être pas modifiables mais elles sont en tout cas librement redistribuables. Et mêmes si elles ne sont pas modifiables, elles ont un intérêt par elle-mêmes : diffusion d'un patrimoine intellectuel, diffusion de la connaissance, supprimer les barrières à l'entrée de la connaissance, etc.

D'où les questions : Est-ce que Gulliver doit faire la promotion d'oeuvres intellectuelles librement diffusables mais pas modifiables ? Si nous acceptons la diffusion d'oeuvres non modifiables, sous quelles conditions ?


Pour raffiner la question (et compliquer le débat :-), il faut définir ce qu'est une oeuvre modifiable et ce qu'on en appelle ses produits dérivés et/ou modifiés. Si on prend l'exemple des traductions : est-ce qu'une oeuvre dont les auteurs interdisent la traduction pourrait être diffusée par Gulliver ? Est-ce qu'une oeuvre dont on autorise (1) la reproduction du texte à l'identique et (2) autorise toutes les transformations qui n'en déforment pas le sens (y compris la traduction) pourrait être diffusée par Gulliver ?

Pour prendre un autre exemple : les RFC de l'IETF ne sont pas considérées comme libre par le projet Debian, car non redistribuables en versions modifiées. Mais on pourrait considérer que l'IETF représente une autorité de référence, et qu'il n'y a aucun interêt à vouloir rediffuser une RFC modifiée. Est-ce que Gulliver doit promouvoir et diffuser les RFC, comme exemple de standard ouvert ? D'un autre côté, comme les RFC sont un standard technique, on peut se dire qu'on voudrait faire évoluer ces standards, même si l'IETF n'est pas d'accord.

Enfin, est-ce que le principe des quatre libertés est applicable au non logiciel ? Par exemple, pour une base de données du génome humain, à quoi correspond la liberté de fonctionnement et celle d'amélioration en fonction des besoins ? Est-ce qu'il ne faudrait pas inclure une liberté supplémentaire comme par exemple toute base dérivée doit donner accès et copie de la base source ?

Qu'est-ce que vous en pensez ?

De manière générale, que devrait être les critères pour qu'une oeuvre intellectuelle soit promue et diffusée par Gulliver ?



[dm] Je ferais grosso modo la distinction entre deux types d'oeuvres :

  • les oeuvres d'art : livre, pamphlet, poésie, dessin, …., et même du logiciel. Elles peuvent avoir un interêt en soi et dans ce cas je serais pour leur rediffusion par Gulliver, à partir du moment où elles peuvent être librement rediffusée, librement manipulées (transcodées, traduites, …) en laissant l'objectif de l'oeuvre intact (le texte d'un livre, l'image d'un tableau, etc.) ;
  • les autres documents non logiciel et non oeuvre d'art : documentation, schéma d'explication, base de donnée, encyclopédie, dictionnaire, etc. Pour ceux-ci, je pense que nous devrions appliquer le principe des quatre libertés, éventuellement en l'adaptant quand ça ne colle pas (cf. exemple du génome humain).

A propos des objectifs généraux de Gulliver, je serais pour qu'on étende l'objet de Gulliver à la diffusion du savoir et des arts sous toutes leurs formes.

Points problématiques à considérer :

  • pour un texte technique comme une RFC : on peut faire des modifs techniques sans toucher au texte original, par références. Mais ça peut devenir très vite incompréhensible (impression de lire un diff). Donc l'idéal est de pouvoir modifier le texte original pour l'adapter ;
  • pour une oeuvre d'art (texte de Victor Hugo) : l'oeuvre est souvent retouchée par les éditeurs. Comment savoir si le document qu'on a est l'original ou pas ? Il peut être nécessaire d'y faire des retouches et donc modifier le document;


[Patrick] sur quels critères dire qu'une oeuvre est d'art ou pas ? C'est drôlement subjectif.
Aussi, favoriser une oeuvre (écrite ou autre) sur le seul fait qu'elle est librement distribuable me parait douteux, il va falloir faire des choix
Et comme à mon avis, l'art -en général- a une composante politique, c'est très loin d'être simple sans tomber dans une censure plus ou moins arbitraire qui n'a pas lieu d'être dans une “association d'utilisateurs de logiciels libres”. Ou bien il faut se restreindre à des oeuvres “politiquement correctes” et/ou insipides (beurk).

Bon, c'est juste mon avis.



[CG]
Alors moi je suis parti du principe que la définition des 4 libertés a fait son temps et n'est plus adaptée maintenant pour convenir à tout.
Je distingue 2 choses dans la transmission du savoir :

La liberté du consommateur :
1. la liberté de redistribuer une création. Cette liberté est un minimum car c'est le vecteur de transmission.
2. la liberté d'étudier, d'adapter la création pour ses propres besoins.
La liberté du créateur :
3. la liberté pour le créateur d'autoriser/interdire une redistribution commerciale de sa création.
4. la liberté pour le créateur d'autoriser/interdire une redistribution liée à des créations non libres de sa création.
5. la liberté pour le créateur d'autoriser/interdire une redistribution modifiée de sa création.

Je préfère mettre en avant la liberté à tous les points de vue. Après, c'est chacun, personnellement qui choisit selon qu'il aime ou pas certaines de ces libertés et de faire son choix dans la nature. Mais je défends à tout prix la liberté pour chaque personne de pouvoir transmettre quelque chose qu'elle n'a pas faite. Pour un logiciel, il faudra autoriser les points 3 et 5 car c'est ce qui va permettre son amélioration. Le logiciel n'étant pas une oeuvre, une amélioration est possible sans que cela “blesse” l'auteur.
Pour l'art, c'est différent, ça représente ses sentiments, quelque chose auquel il tient, on peut comprendre que modifier ce qu'il a fait sans qu'il l'autorise, peut le blesser. Donc ça dépend des personnalités, si quelqu'un n'aime pas, il va voir ailleurs ou fait lui même ses oeuvres. Sachant que la modification pour sa propre personne est autorisée tout le temps (c'est écrit dans le droit français il me semble).


ExemplesDeLibreAuDelaDuLogiciel

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S'il est commode de diviser le paysage juridique du « libre » en grandes catégories selon les droits accordés (libre copyleft, libre non-copyleft, etc.), une telle division donne souvent l'impression perverse qu'il n'est pas besoin d'étudier individuellement les régimes de mise à disposition. Nous menons ici une étude comparative de trois de ces régimes juridiques supposés « équivalents » et montrons que les différences ne peuvent être négligées. Nous prouvons ainsi qu'il est important de s'enquérir avec attention de la formulation juridique des licences, au lieu de se contenter de simples opinions répandues à leur sujet.

Libre Attitude a pour objectif de promouvoir, favoriser, développer et diffuser la culture du libre. Le terme culture se réfère ici à toute œuvre de l'esprit. Ainsi sont compris notamment les programmes informatiques et les œuvres d'art. L'association entend dans le terme libre, au minimum, la liberté de partage au sein du public des dites oeuvres de l'esprit.

 
libre_et_non_logiciel.txt · Dernière modification: Le 29/07/2010 à 21:03 par migrate-to-doku     Haut de page
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