Ceci est une ancienne révision du document !
Suite de la tentative de transcription de la conférence de Benjamin Bayart à Rennes le 25 septembre 2009.
Conférence organisée par Actux et Gulliver, à l'amphi Donzelot.
Le début se trouve ici :
TranscriptionConfBB20090925
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On va pouvoir passer à un peu de conclusion. Alors voilà, la conclusion elle est là : Qui cherche à contrôler internet ? :
Les moines copistes de DVD,
les irresponsables au grand pouvoir
les orateurs officiels.
Comment on peut s'en prémunir de tout ça ? Essentiellement en étant internaute. Je m'explique. Quelqu'un qui est abonné à internet depuis 3 mois, qui vient de découvrir le truc, qui est encore dans la phase « Ah c'est rigolo comme tout la vidéo débile que m'a envoyé Jean Luc ! » (c'est pas quelqu'un de méprisable, c'est juste quelqu'un qui n'est pas encore internaute, il a découvert une télé interactive), il faut lui laisser en général, en moyenne, en statistique, à peu près 1 à 2 ans pour que de la télé interactive, il passe à des informations interactives. Alors c'est pas forcement de la haute politique, ça peut être des échanges de recette de cuisine [??], y'a pas d'informations plus nobles que d'autres. Puis après il passera à l'étape, le contenu au lieu de se contenter de le commenter, il pourrait se mettre à le faire. Et dans cette bascule, qui est longue qui demande un peu de formation, y'a un mode de fonctionnement qui change. On passe d'un mode de fonctionnement où on a choisi dans le rayonnage ce qui se trouvait de mieux, ce qui se trouvait correspondre le moins mal à ce qu'on voulait. Par exemple moi je voulais une passoire à nouille en acier, y'en avait qu'une en plastique, j'ai pris la moins moche, j'en voulais une en métal. C'est la méthode du consommateur. La méthode de l'internaute c'est, soit je trouve des choses qui me plaisent, je les lis. Éventuellement je les commente. Éventuellement, j'écris les petits papiers pour dire « Allez lire ce qu'il a écrit, c'est intéressant parce qu'il écrit mieux que moi ». Soit je trouve pas ce que j'ai envie de lire. Et dans ce cas là, je l'écris.
Et on change complètement de mode de production. On change complètement de mode de pensée. Mon opinion n'est pas défendue ? Dans le mode de pensée précédent, on râle : « Tous pourris, la presse est aux ordres, politiques salauds, vendus ; le syndicaliste vendu ; social traitres ». Enfin tout le volet habituel. Dans le modèle internet, pas du tout. « Mon opinion n'est pas défendue ? » C'est de ma faute je l'ai pas défendue. Je l'ai pas exprimée, comment voulez vous que quelqu'un la défende ? Ça change complètement le mode de reflexion [??]. En étant internaute dans notre mode de reflexion et dans notre mode de fonctionnement, en produisant des contenus intelligents, même si personne ne nous le demande, surtout si personne ne nous le demande, on lutte contre le phénomène. Y'a même pas besoin de dire du mal d'Hadopi. Il suffit de réflêchir et d'exprimer sa réflexion en ligne pour rendre le système incontrôlable.
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Et puis, l'étape immédiatement après, c'est une fois qu'on a réellement compris ce que c'était qu'internet, et qu'on se l'ait approprié comme étant non pas une télé interactive, dont on pourrait nous priver comme on prive les enfants de télé, mais comme étant l'outil du 21° siècle pour l'expression publique et pour la citoyenneté et ben alors il paraît totalement, complètement, évidemment insupportable que quelqu'un puisse vouloir abîmer [??]. Et une fois que c'est totalement, complètement insupportable, l'assemblée nationnale ça se trouve quai d'Orsay à Paris et on peut rentrer en ayant un carton de séance qu'on obtient très facilement quand on est d'accord avec deux ou trois députés de l'opposition. Ce qui est notre cas. Donc vous êtes les bienvenus dans tous les prochains débats où vous trouverez que ces gens là marchent sur les plates-bandes sérieuses. Pas que sur internet ! Tous les sujets qui vous préoccupent. Si il y a, des gens que le travail le dimanche embête, la prochaine fois, allez à l'assemblée.
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Si je vous fait un petit résumé rapide, au départ on avait l'impression qu'on parlait de punir des enfants qui avaitent téléchargé un peu trop de musique, en les privant d'internet. Globalement le sujet est plus sérieux que ça. Et Sarkozy qui pensait traiter un petit problème de droit d'auteur par-dessus la jambe pour faire plaisir à madame, il s'est trompé, il a tapé dans quelque chose de beaucoup plus épineux.
En fait on est probablement sur un des enjeux politique majeur au 21° siècle. La question de la liberté d'expression au 21° siècle, elle se posera sur internet, et uniquement là. Ce qui est pas petit[??] en politique comme question.
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C'est bien ce morceau-là parce qu'on peut le lire dans les deux sens. « Le réseau neutre et ouvert est celui qui permet la démocratie à de très farouches opposants ». Et ils sont en ce moment plutôt majoritaires. Entre les gens qui ont intérêt et les gens qui s'en foutent parce qu'ils ont pas compris de quoi on parlait, ils sont plutôt majoritaires.
Si un jour vous vous demandez « Comment savoir si telle pratique porte atteinte à la neutralité du réseau ou ne porte pas atteinte à la neutralité du réseau ? », c'est très simple. Si quelqu'un vous a dit que le réseau était devenu intelligent, ce n'est plus internet. Internet c'est un réseau crétin et c'est ce qui fait qu'il marche. Si on le rend intelligent, il ne marche plus.
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Si un jour quelqu'un vient vous proposer, pour résoudre un problème, par filtrage sur le réseau, par « chose - age » sur le réseau, quelle que soit la chose, dîtes-vous toujours que c'est forcemment une atteinte à la neutralité du réseau. A partir du moment où il vous propose une solution qui est activable / désactivable par l'utilisateur alors la réponse est conforme à la neutralité du réseau. J'explique : si je peux activer et désactiver l'antispam, alors le réseau est neutre. Ce n'est pas le réseau qui a détruit les spams, c'est moi en laisssant l'antispam activé. Ca a supprimé des mails qui n'était pas des spams, je peux m'en prendre à moi et il ne tient qu'à moi que cela cesse. Si la solution est sous le contrôle de l'utilisateur, elle est très probablement conforme à la neutralité du réseau. Si elle suppose que le réseau est intelligent et que l'utilisateur est crétin, c'est une mauvaise solution. C'est le contraire : c'est le réseau qui est crétin et l'utilisateur qui est intelligent. Si on sort de ça :on n'a pas bon !
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Enfin, on ne peut pas vous priver ou restreindre votre accès à internet sans passer par un juge. Maintenant c'est dans la consitution, puisque les décisions du conseil consitutionnel, en général, ils s'arrangent pour être cohérent avec. Donc, l'article 11 de la déclaration de 1789, l'accès à internet, vous en priver, c'est sensiblement équivalent à vous [??] et ça ne doit pas être traité par dessus la jambe, ce n'est pas une question anodine. Y'a des tas de conséquences amusantes qu'il faudra creuser un jour en droit, là-dedans. Ben oui. Sur le merdier là (il montre sont téléphone prortable), si j'avais pris l'abonnement internet qu'ils me vendent avec. Il est bigrement restreint. J'ai pas accès à ce que je veux. Comment quelqu'un qui n'est pas un juge, peut restreindre mon accès à internet, fut-il mobile ? Ca n'a pas l'air mais la décision du conseil constitutionnel, pour risible qu'elle soit, elle porte très loin. Et elle dit qu'en m'empêchant d'accéder librement au réseau mobile avec ça, on nuit à ma liberté d'expression et à ma liberté d'information.
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Je sais plus à quel moment je me suis arrêté. Ca doit être là en fait. [inaudible]. Si vous avez des questions, je serais ravi d'y répondre.
J'avais dit 1h00 1h30, j'ai bon j'ai fait 1h23.
« Bonsoir. Deux questions. La première c'est que le minitel c'était quelque chose de français, devrait-on dire. On voit que les pays européens, par contre, essaient d'exporter un petit peu cette idée de filtrage, on l'a vu chez des gens proches et un peu moins proches. Est-ce-que, mondialement ça se voit aussi, cette idée de filtrage ? Ca, c'était la première question. Et la deuxième question c'est… y'a une association ou une entreprise, je ne sais pas comment on peut les appeler, qui s'appelle les pirate Bay qui est en fait un service de peer to peer crétin, puisqu'ils regardent pas ce qu'ils font, ils délivrent un service. On navigue sur un service crétin de ce genre. »
BB : Alors. L'idée du filtrage elle n'est pas spécifiquement européenne. Elle serait plutôt spécifiquement française. On a des traditions comme ça à respecter, on est très innovants dans certains domaines. Des gens, qui en europe parlent de filtrage, il y en a effectivement plusieurs, pas forcement avec des solutions intelligentes, rarement en se passant du juge. Les anglais ont essayé sur des histoires de pédophilie, ça leur [??] un truc monstrueux. Je crois qu'ils se sont retrouvé à filtrer Wikipédia (rires). Y'a mieux Wikipédia comme site pédophile. Et après à s'enliser dans des explications. D'autres pays ont essayé, ça leur a couté des problèmes. Des problèmes limite surnaturels. Je lisais, juste après avoir préparé mes transparents, j'avais encore un peu de temps à perdre avant de venir, dans les actualités, une famille américaine qui a été poursuivie pendant un an parce que soupçonnée de pédophilie parce que dans les photos qu'elle avait porté à développer il y avait des photos de ses enfants nus dans le bain. Mouais… Bon… Je sais pas ce qu'on doit apporter comme réponse à la bêtise. Y'a beaucoup de pays qui se comportent de manière très bête en ce moment et c'est dangereux, c'est très dangereux. Ca s'exporte assez bien.
Curieusement dans les sommets où on parle de gouvernance, d'internet, on constate que l'Iran est du même avis que la France. Rien que ça, ça devrait vous donner une petite idée sur le fait qu'on est du mauvais avis.
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En gros les décisions dont on parle en matière de filtrage sont vraies [??] qu'elles soient appliquées de manières un tout petit peu ferme il faudrait une méthode chinoise. Il faudrait utiliser les mêmes méthodes de filtrage qu'en chine, sachant qu'elles se contournent assez facilement pour des informaticiens mais que le grand public n'y arrive pas.
Pour ce qui est de « the pirate bay »… « The pirate bay » n'est même pas un service de peer to peer. C'est ce qui fait tout le sel du procès qu'il y a eut pour « the pirate bay » en suède. « The pirate bay » ne transfert par de données. A aucun moment, les films dont les droits d'auteur n'ont pas été payés ont transité par « the Pirate bay ». « The pirate bay » est un annuaire. On y dit : « moi, j'ai vu tel film disponible sur telle adresse IP ». Ça, ça n'est pas une information illégale. Ce qui est illégal c'est échanger le film. Dire « je l'ai trouvé disponible à tel endroit », légalement, à part l'assimiler à de la délation de contrefaçon, je vois pas bien ce que ça peut être. Les juges ont jugé que c'était faciliter la contrefaçon, on pourrait tout autant juger, avec à peu près autant de mauvaise foi, que c'est permettre de dénoncer activement les contrefacteur, et donc de lutter contre la contrefaçon. Curieusement on a constaté que, alors je sais plus si c'est le président du tribunal ou un de ses assesseurs, était l'ancien patron de la société locale d'édition de phono-gramme. Donc le juge était représentant des moines copistes de DVD. [??] dans la presse, ça fait peser un certain doute sur le jugement. Et donc « The pirate Bay » on n'a pas fini d'en entendre parler. Accessoirement une des conséquences de ce procès qui a fait à peu près autant de bruit en suède qu'hadopi chez nous, c'est que la suède à voté à 7%, je crois, aux européennes pour le parti pirate. Je trouve que le nom parti pirate qui est en train de s'imposer est un peu triste, ils vaudraient mieux que ça s'appelle parti pour les libertés numériques. C'est plus ça que ça défend, c'est pas le droit de pirater. C'est tout ce dont je parle là. La conséquence pour la suède, c'est qu'en essayant de taper trop fort, ils ont fait trop de bruit et les gens se sont rendus compte que ça passait mal[??]. Les écolos ils ont mis 20 ans avant d'avoir un député. Les internautes, on a mis quoi, 3-4 ans entre le moment où on a commencé à se faire agressé par des lois et le moment où on a commencé à se défendre.
C'est plutôt pas mal. Je ne sais pas si ça répond bien à ta question.
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Bonsoir. J'aurais deux questions également. Tout d'abord, vous parlez des principaux [??] mafieuse entre meetic qui va reverser 20% de son chiffre d'affaire pour que le lien fonctionne bien avec le fournisseur d'accès. Est ce qu'il y a structurellement dans l'organisation d'internet, dans les quelques organismes qui contrôlent, quelque chose qui permet de luttre contre ça, contre ces dérives ou est-ce qu'on est livré à nous même ? Et deuxième question sur le droit d'auteur dans l'économie d'abondance. Si j'ai bien compris le raisonnement et qu'on va au maximum[??], si on passe à une économie entièrement numérique, il n'y a plus d'argent finalement pour le créateur. Est ce que les lois de l'économie d'abondance c'est répondre à la question ou est ce qu'on va avoir une création structurellement gratuite par la force des choses ?
Benjamin Bayart : Alors je vais essayer de retenir la deuxième question pendant que je réponds à la première. C'était quoi la première ? Non je vous parle de poisson rouge maintenant. Est ce qu'il y a des mécanismes pour se prémunir contre des espèces de chantage que les opérateurs pourraient exercer sur des fournisseurs de contenus. Alors, à l'heure actuelle il y a assez peu d'outils pour ça en dehors de la loi, c'est pas dans la régulation d'internet, c'est pas lié à la technique. Le problème n'est pas technique. Le problème n'est pas un mésusage d'un nom de domaine, une adresse IP en double, une erreur de routage. Ça ne relève pas des instances habituelles, officielles d'internet. Eux il gèrent des problèmes techniques, ils ne gèrent pas la mauvaise fois commerciale. Par contre il y a des choses dans la loi qui parlent de ça. En France c'est l'article L34-1, non L32-1 du code des postes et télécommunications électroniques qui citent les obligation des opérateurs réseau, et il y a là-dedans le respect d'une absolue neutralité du réseau. C'est pas plus décrit que ça. C'est pas plus fin. Ça explique pas mais c'est dans les principes. C'est aussi tout l'enjeu du travail actuel de la FCC qui a été initié par le discours du brave monsieur que je citais tout à l'heure qui a été fait [??] que de savoir comment on va réguler ces problèmes là. Ça fait partie des sujets sur lesquels il bosse. A la limite si vous avez l'occasion, et si vous parlez un anglais raisonnable, essayez de trouver l'interview du monsieur. En général je ne la trouve jamais, spontanément je vais sur le site de FCC.org, fcc pour federal communication commission, .com pas .org. En haut de la page il y a un lien « open internet » qui est le site web qu'ils ont lancé à l'occasion de son discours, et dans le tout premier lien du site web il y a le script du speech. Et là vous avez le discours complet du monsieur. Il explique assez longuement sur quoi il bosse et ce qu'il vise et globalement il dit à peu près ça. On a des outils à l'heure actuelle, il y a d'autres outils en cours d'élaboration. Ça fait partie des sujets sur lesquels on se bat entre gens de l'internet libre contre énormément d'opérateurs et de lobbyistes des contenus au parlement européen sur le paquet télécom. Savoir si oui ou non les opérateurs ont droits à tel ou tel ou tel comportement. Nous on fait tout ce qu'on peut pour mettre la pression sur le parlement pour essayer de leur expliquer que la neutralité absolue du réseau n'est même pas marchandable, tellement le sujet est grave.
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Et on a beaucoup, beaucoup de mal à être entendu. Faut dire aussi qu'on a beaucoup de mal à être nombreux. On est très très très nombreux, activistes sur le sujet mais les associations qui bossent sur ce sujet-là dans les 27 pays d'Europe se parlent de manière très directe, très efficace et très rapide. En particulier pour vous donner une idée, les discussions qu'on avait entre anti-hadopi étaient relayées en suède avec moins de 3 minutes de retard. Les articles qui paraissent sur la presse en ligne en français sur les sujets hadopi, neutralité du réseau sont traduis en anglais et / ou suédois en général en moins de 24 heures [???]. Ils suivent ça de très très très près. Je peux vous dire que la décision du conseil constitutionnel, elle a été célébré dans toute l'Europe. Parce que maintenant la question de savoir si internet c'est un jouet pour enfant dont on peut priver les gens ou c'est un sujet sérieux, elle est tranchée. Elle est tranchée par des gens qui ont autorité et elle est tranché en disant « déclaration des droits de l'homme de 1789 ». A peu près plus personne en Europe n'osera dire le contraire. Le poids de cette décision du conseil constitutionnel est considérable.
La deuxième question… L'avenir de la rémunération. Alors j'ai peut être pas été assez clair dans ce que je disais. Si on applique les lois de l'économie de la rareté au monde d'internet, ce qui est impossible, on arrive mécaniquement à ce que les contenus et la création artistique n'ont pas de valeur. Il faut juste ne pas appliquer ces lois là parce que ce n'est pas ces lois-là qui s'appliquent. Ces lois-là, elles disent que rien sur internet, quasiment, hormis quand je commande un objet physique que je publierai [???] n'a de valeur. Or on a tous l'habitude de payer des choses sur internet, qui à un abonnement à un journal en ligne, qui à un abonnement à un site porno, qui à un abonnement à un site de rencontre… Oui oui vous pouvez sourire, puisque ça se vend, le porno, il doit bien y avoir des clients quand même ! (rires).
Quelqu'un dans la salle : ils sont pas ici !
Oui voilà. Non chez les informaticiens y'a pas de secret [???] c'est bien connu. L'informaticien est assez malin pour pouvoir trouver à l'œil.
On a l'habitude de payer les services en ligne, de payer pour avoir un [???] qui marche mieux, de payer pour [Brève coupure audio]… il se trouve que dans les projets que j'ai suivi, parce qu'on m'a forcé à les suivre même si je n'avais pas le temps mais effectivement le sujet est intéressant, y'a une des pistes qui a l'air sérieuse et
pas intuitive, le sens est pas près à devenir une loi mais c'est bien travaillé, qui s'appelle le mécénat global. Le mécanisme est assez compliqué, mais ce mélange de contribution volontaire, de contribution obligatoire mais dont les critères de répartition sont choisis par le contributeur, sans intermédiaire, c'est quelque chose d'assez… enfin voilà, pas simple. Ça se réfléchit, ça ce travaille qui est en cours d'expérimentation. Il y a une tentative d'expérimentation suite à la création de la SARD, la société d'acceptation et de répartition des dons. L'idée étant qu'on n'a pas le droit de mettre en place une rémunération collective pour les artistes via une espèce de mise en commun sur internet, parce que pour ça il faut une loi, pour ça vient en contradiction des accords internationaux où il faut que ça suive la procédure habituelle [???] etc… Bref, dès qu'on touche à ça, on n'a pas le droit, mais en plus, les artistes n'ont pas le droit de rentrer dans ce modèle, en tout cas, tous ceux qui ont signé avec la SACEM qui n'ont plus le droit de diffuser leurs œuvres. Bref, on peut pas s'en sortir, on ne peut pas expérimenter quoi que ce soit sans être dans l'illégalité. Sauf : la SACEM n'a pas interdit les dons. La SACEM autorise les artistes à recevoir des dons. Alors la société d'acceptation et de répartition des dons va, pour les artistes qui souhaitent y être référencé et via les contributeurs volontaires , répartir les dons. Ça, l'idée c'est de pouvoir tester un mécano qui est assez voisin du mécénat global. C'est, dans les quelques pistes que j'ai suivi, probablement la moins idiote. Et je ne suis pas du tout sûr qu'il y ait une réponse. Il y a mille réponses à la question, exactement comme le droit d'auteur est très divers. La façon dont on traite les auteurs de scénario dans le cinéma, l'écrivain, les compositeurs de chansons, les interprètes… C'est une foule de cas particuliers. Y'a aucune raison que, dans le monde du numérique, ça se simplifie. Ça va plutôt se complexifier. Il va y avoir probablement des mécanos très différents sur comment rentre l'argent. La répartition quand il rentre sur un mode publicitaire va nécessairement pas être les mêmes que quand il rentre sur un mode volontaire. Il va y avoir des règles de fonctionnement très très longues[???]. Je ne sais pas lesquelles, mais pour le coups si les artistes ne s'en saisissent pas, c'est très dangereux pour eux. Et s'en saisir ça ne veut pas dire pousser le gouvernement à essayer de revenir au 19° siècle. Ça, ça ne marche pas. Je ne sais pas si j'ai bien répondu à ta deuxième question.
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Bonsoir. Je pense que vous avez un peu simplifié en disant que le réseau est bête bien que ça soit son but en effet sa vocation à la base. Sauf que les équipements qui nous fabriquent ce réseau, typiquement les routeurs tout ça, qui font passer le message, les portes par lesquelles passe l'information, elles sont très configurables : elles appartiennent aux sociétés qui font, qui sont les distributeurs de l'information d'internet. Donc ils contrôlent les boites de passage physiques de l'information. Ils peuvent donc définir, quand ils veulent, définir quelle est la largeur du tuyau qui va vers où et vers qui, et y'a pas de contrôle possible sur l'utilisation, par les opérateurs de leur propre matériel.
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Benjamin Bayart : Si. Alors, si. D'abord il y a des formes de contrôle. Globalement la loi est formelle. Je n'ai pas le droit d'égorger des gens, fusse dans ma cuisine. Y'a pas besoin de mettre une webcam dans la cuisine. C'est pas la peine. Si j'égorge des gens, un de temps en temps, en petite quantité ça se verra peut être pas. M'enfin si ça devient une habitude, a priori, je vais finir par me faire prendre. De la même manière un opérateur qui fait une connerie, une de temps en temps ça peut passer inaperçu. Si ça devient un peu trop systématique, ça va finir par se voir. Et si ça voit et que c'est interdit ça va mal se passer. C'est le principe de la loi. Moi je ne peux pas préconiser mieux que d'écrire une loi sur le sujet avec une réglementation intelligente et après d'espérer que les opérateurs vont choisir plutôt des entrepreneurs que des mafieux. Maintenant si ils décident de faire mafieux comme métier, il faudra lutter contre cette mafia là en plus des autres. Mais je ne crois pas tellement. Ce sont des gens qui ont pignon sur rue, qui ont besoin d'avoir pignon sur rue, les gros opérateurs. Ils ont besoins d'être bien vu sinon ils ne peuvent pas vendre. Donc ils vont plutôt respecter la loi. Une petite entorse de temps en temps, ça se voit pas trop, pas une entorse franche et massive [???] pas du gros qui tâche, pas l'accès illimité 3G qui nous vendent en ce moment. (rires) C'est complètement surréaliste. Donc oui effectivement les opérateurs ont moyens de [???]
la suite à 1:36:48